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APPROCHE SOMMAIRE DE LA NUMISMATIQUE
à l’usage des collectionneurs

L’histoire de la monnaie débute avec les échanges commerciaux pour devenir la condition essentielle des transactions économiques. Depuis la Préhistoire jusqu’à l’époque contemporaine qui désire la dématérialiser, un lent processus s’effectua pour aider l’humanité à acquérir des sources de profit, des biens, une facilité certaine à vivre au milieu des éléments hostiles ou non.

L’intensification du troc lors du néolithique obligea les peuples à se servir d’artefacts qu’il fallut faire admettre par leur pratique aux populations concernées. Jusqu’à la fin de l’âge de Bronze, les archéologues dévoilèrent tout un tas d’objets ayant servi à cette fonction, une sorte de monnaie d’échange afin de faciliter les transactions et de quantifier les produits par rapport à la masse des autres : peaux de cerf, pagnes, verroterie, couteaux, araires, haches et hachoirs métalliques, métrage de tissu, anneaux, coquillages ou objets symboliques. Même des êtres humains, par l’esclavage servaient de monnaie d’échange !

Par exemple, jusqu’à très tard, au début du XIVᵉ siècle, les transactions dans le Pacifique entre les marchands de civilisations avancées et les autochtones s’effectuèrent au moyen du coquillages. Cette pratique eut du mal à s’éteindre, même dans le XIXᵉ siècle, certains s’y soumettaient encore.

Les Aztèques employaient la fève de cacao, un esclave valant 100 fèves, les faveurs d’une courtisanes 80 fèves, un lapin 10 fèves… Les Amérindiens utilisaient des colliers en guise de porte-monnaie, une pratique que le Club méditerranée dans les années 1960 mettait à l’honneur à la satisfaction évidente de leur clientèle bourgeoise. Quoi qu’il en fût, chaque groupe humain se dota d’un étalon susceptible d’être crédible et accepté par toute la communauté référente, voire au-delà : les matières naturelles comme le sel, l’ambre, les pierres précieuses, les métaux tels l’or et l’argent ; les produits agricoles, d’élevage ou de cueillette comme le bétail, les grains de blé ou autres graminées.





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En raison de son utilisation par beaucoup de peuples et à cause de ses qualités propres comme être incorruptible, homogène, malléable et facilement divisible, la monnaie métallique connut un développement extraordinaire. En outre, elle pouvait comporter une empreinte sur l’une ou les deux faces, par ce fait être reconnaissable instantanément.

L’utilisation de l’or et de l’argent comme moyen d’échange est attestée depuis plus de 4 000 ans. L’abandon progressif des sacrifices humains pour se concilier les dieux laissa place aux sacrifices d’animaux et aux donations en objets de valeur. Notamment en or. Les pratiques religieuses autour de la monnaie continueront après la création de la monnaie. La tradition de mettre une obole dans la bouche des défunts traversera les âges.

La majorité des historiens est d’accord pour accorder aux Grecs l’invention des premières pièces métalliques en Occident afin de servir aux transactions vers 700 avant J.-C. Les vestiges retrouvés démontrent quelques éléments particuliers : alliage d’or et d’argent, poids invariable, même forme marquée d’un signe authentifiant leur étalonnage. L’historien Aristote attribua la géniale invention à la princesse Hermodiké, femme du célèbre roi Midas. Le royaume des Perses battit monnaie à son tour, suivi des autres grandes civilisations de l’Antiquité. Le roi Crésus, le fleuve Pactole, les diverses mythologies accréditent à la réalité une légende… dorée. Ce fut la puissante cité d’Athènes qui rationalisa l’invention, elle rémunéra les citoyens libres, ce qui facilita la nationalité, les libertés publiques, les sciences, l’innovation économique, l’expansion du commerce, les expéditions et, bien évidemment, la guerre.

L’accroissement de la monnaie s’effectua durant l’Antiquité dans le pourtour méditerranéen, le système romain mis en place à l’émergence du monde latin développa exponentiellement la pratique.





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La chute de l’Empire romain réduisit l’emploi des monnaies en dépit de leur utilisation dans l’Empire Byzantin. Néanmoins, les peuples barbares ne purent que poursuivre cette pratique en raison des coutumes instituées sur les territoires conquis. Cependant, la raréfaction de l’or (venu des territoires du sud) réduisit le phénomène au profit de l’argent, alors en abondance dans de nombreuses mines de l’Europe du Nord.

Vers 675, dans l’ancienne Gaule alors entre les mains des rois francs, le sou d’or fut remplacé par le denier d’argent. Douze deniers faisant un sou. Plus tard, Charlemagne établissait un système monétaire novateur qui persistera jusqu’à la Révolution : 1 livre : 20 sous ou 240 deniers ; un sou : 12 deniers ; l’obole : un demi denier.

Les Mérovingiens frappèrent d’abord presque exclusivement des monnaies d’or, peu de monnaies d’argent et de cuivre. Le bronze ne fit pas florès. Ce ne fut qu’à la fin du VIᵉ siècle qu’apparurent en plus grand nombre les monnaies d’argent, métal qui plus tard, au VIIIᵉ siècle, remplacera l’or comme métal étalon. Pour cette raison, on trouve assez rarement des pièces frappées au nom des rois mérovingiens. Elles sont le plus souvent frappées au nom de leur ville d’origine, après avoir été primitivement de simples copies des monnaies du défunt Empire romain.

Dans le haut Moyen Âge, le système monétaire eut du mal à se pérenniser, les Mérovingiens utilisant la monnaie ancienne, ne frappaient plus de pièces nouvelles. Si les élites avalisèrent ce moyen d’échange, le peuple se résout au troc ancestral. Il fallut attendre l’avènement des Carolingiens pour connaître un renouveau monétaire, ce qui permit une reprise des échanges commerciaux et une renaissance économique à travers l’Europe. Toutes les unités monétaires se référencèrent par rapport au poids de l’or ou de l’argent.





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Tandis qu’ils réunifièrent et étendirent à leur profit le royaume des Francs, Pépin le Bref et son fils Charlemagne aux VIIIᵉ et IXᵉ siècles reprenaient le contrôle de l’activité monétaire. Le pouvoir royal sur la monnaie était réaffirmé par un ensemble de règlements et de contrôles organisant sa fabrication et sa mise en circulation. En 754-755, l’édit de Ver fut une première tentative d’uniformiser le poids et l’aspect du denier d’argent franc. En réalité, la marque de l’autorité royale ne figura systématiquement sur la monnaie qu’avec Charlemagne en 793- 794. « Monnaie unique » de l’Empire carolingien, le nouveau denier au poids unitaire d’environ 1,70 g fut le modèle, direct ou indirect, du monnayage occidental produit du IXᵉ siècle au XIIIᵉ siècle. La réglementation carolingienne insista sur la qualité de la monnaie, et chercha à éviter la « fausse monnaie » (en fait, des pièces de moindre qualité produites frauduleusement dans les ateliers officiels), et la thésaurisation ou la transformation en argenterie.

Principal agent administratif local, sous les Carolingiens, le comte surveillait et contrôlait au nom du souverain l’activité monétaire dans le royaume. Mais dans la seconde moitié du IXᵉ siècle, les usurpations des comtes se multiplièrent. Le phénomène s’amplifia à la faveur des problèmes de succession au trône, des conflits intérieurs, puis des raids sarrasins, vikings et hongrois : le pouvoir royal perdit peu à peu le contrôle effectif et l’exclusivité de la frappe des deniers. Les comtes commencèrent à exercer les pouvoirs régaliens à leur propre profit. Par ailleurs, le souverain concéda une part des revenus d’un atelier, parfois sa gestion, à des évêques ou des abbayes. La féodalisation du denier se concrétisa au Xᵉ siècle alors que les Robertiens, ancêtres des Capétiens, s’opposèrent aux Carolingiens. L’aristocratie profita de l’occasion pour se rendre plus indépendante. Le pouvoir affaibli multipliait les concessions officielles, notamment en faveur d’ecclésiastiques. La monnaie fut désormais affaire de prélats, de ducs et de comtes, voire de vicomtes, qui purent changer titre et poids à leur guise.





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Entre les XIᵉ et XIIIᵉ siècles, dans un contexte d’essor économique et commercial tant dans les campagnes que dans les villes, une multitude de derniers féodaux furent frappés régionalement, voire localement, par des seigneurs plus ou moins importants. La monnaie du roi était devenue une monnaie parmi d’autres. Du point de vue du seigneur émetteur, la monnaie constituait une importante source de revenu, un moyen de financer son train de vie et sa politique. Un profit fut en effet réalisé sur la frappe de chaque pièce : c’était le « droit de seigneuriage ». Pour augmenter ce revenu, le seigneur put procéder à une mutation de sa monnaie, c’est-à-dire modifier certaines conditions d’émission : poids du denier, titre ou teneur en argent fin, cours officiel. La pratique alors la plus courante dans le royaume de France consistait à affaiblir la monnaie en titre de métal fin, une préfiguration des dévaluations contemporaines. Elle engendra de grandes disparités de valeur entre les différentes pièces en circulation et concourut localement à une certaine instabilité monétaire. Les élites féodales et les bourgeoisies urbaines montantes protestèrent et négocièrent, obtenant de limiter ces mutations à une seule par règne, ou la stabilisation de la monnaie en contrepartie d’une taxe, appelée « monéage ».

À la faveur des guerres, des mariages et des héritages, Philippe Auguste (1180-1223) étendit progressivement son autorité, y compris dans le domaine de la monnaie. Le denier appelé « parisis » fut d’abord diffusé dans le nord du royaume, puis à l’est et un peu au sud. Après la conquête de la Normandie, de l’Anjou, du Maine et de la Touraine (1204-1205), le roi imposait une nouvelle pièce : le denier « tournois ». Cette politique volontariste était poursuivie par Louis IX, dit Saint-Louis (1226-1270) au seul profit du « tournois » et au détriment des monnayages féodaux.

À l’exemple des cités italiennes qui frappaient de « gros » deniers valant entre 20 et 30 deniers locaux, Louis IX créait un « gros tournois », première monnaie en bon argent produite en France, valant 12 deniers. La pièce rencontra un tel succès qu’elle fut frappée abondamment, rapidement imitée, notamment en Provence, puis diffusée largement en Italie. Dans le même temps, était créé l’écu d’or, première monnaie d’or capétienne. Mais il s’avérera un échec commercial et sera vite abandonné. Saint Louis laissa à ses successeurs une monnaie apparemment stable.





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Les monnayages d’or retrouvèrent de la vigueur dès la fin du XIIIᵉ siècle, la Renaissance et les grandes expéditions accentueront le prodige. Cependant, l’argent prit le pas comme valeur économique. En France, Louis IX avait créé le tournois d’argent et l’écu, d’une valeur de 10 sous tournois. Les monnaies en bronze se généralisèrent. Entre-temps, de nombreuses seigneuries eurent l’autorisation de frapper leur propre monnaie, ce qui donna une diversité étonnante dans les échanges commerciaux.

Dans le monde, d’autres moyens de paiement émergèrent dès ces époques, comme le papier-monnaie ou la lettre de change. Diverses catastrophes financières et économiques contribuèrent à rendre circonspects les utilisateurs sur ces pratiques monétaires. Avec l’abondance des métaux précieux en provenance des mines d’Amérique du Sud, de nouveaux problèmes apparurent quant à la confiance exigée pour l’utilisation de la monnaie. De manière à garantir les propriétaires des réserves de métaux précieux et, en principe, faciliter les échanges, les premières banques de dépôt ouvrirent leurs portes au début du XVIIᵉ siècle, l’or et l’argent constituant les principales garanties.

L’histoire monétaire se résuma à celle de la production relative de l’or et de l’argent, avec des conséquences de la variation des taux d’échange entre ces deux métaux. Si la masse monétaire en Europe fut multipliée par huit, l’argent demeura la monnaie principale pour la totalité des pays. Au milieu du XIXᵉ siècle, la découverte massive d’or dans de nouvelles mines, assortie de techniques novatrices d’extraction, entraîna une hausse spectaculaire de la production. Ce qui créa de nouvelles difficultés. Malgré la courte période où l’étalon-or régna sur le marché, la solution retenue fut l’essor de la monnaie fiduciaire par rapport au désintérêt de la monnaie métallique.
-1914-1918 : en raison du coût de la guerre toutes les monnaies européennes sont fortement dévaluées par rapport à l'or.
- 1922, conférence de Gênes : un nouvel ordre monétaire est mis en place où seuls les États- Unis conservent l'étalon-or classique. Le dollar repose sur l'or, la livre britannique sur le dollar, et les autres monnaies européennes sur la livre britannique.
- début des années 1930 : le Royaume-Uni conduit à augmenter sa masse monétaire, abandonne le système de change-or.
- 1934 : le dollar est défini comme 1/35 d'once d'or. Les citoyens américains n'ont pas le droit de posséder de l'or.
- 1944 : accords de Bretton Woods : le système monétaire repose sur le dollar, seule monnaie encore ancrée à l'or.
- 1971 : les États-Unis, ne pouvant plus maintenir le prix de l'or à 35 dollars l'once ni éviter une dévaluation du dollar, abandonnent l'étalon-or.

Au premier janvier 2002, l’euro eut cours légal en France et dans douze États européens. Ce qui signifiait que la monnaie n’avait plus un caractère symbolique national, n’étant plus gérée par les gouvernements. En principe, cette nouvelle monnaie permettait de réaliser toutes opérations financières sans risque d’un change trop évolutif et pernicieux. Les peuples furent- ils plus heureux avec ce nouveau concept ?